mise en scène
opéra
Olyrix, Frédérique Epin
Le jeu est grandement favorisé par la mise en scène et la scénographie de Sandra Pocceschi et Giacomo Strada, tous deux ayant déjà travaillé pour ce même opus avec des jeunes musiciens en 2015 dans le cadre d’Opéra Junior à Montpellier. Ils recréent l’univers de l’enfance à l’aide d’un unique élément de décor, soit un mur, duquel vont se détacher différents objets (pendule, miroir…) façon puzzle silhouette pour les petits (les lumières subtiles de Matteo Bambi sublimant l’ensemble). Ils livrent ainsi leur interprétation de l’œuvre au cours de scènes alternant humour, tendresse et poésie, mais sans édulcorer la violence de certaines situations.
Ainsi, l’enfant apparaît-il tout d’abord dans tout son mal-être, se scarifiant les mains au porte-plume avant de laisser éclater sa rage destructrice après avoir été puni par sa maman. La maman, bien qu’ayant un rôle très court, est cependant omniprésente et tous (chanteuses et chanteurs), dans la première partie, revêtent son même costume (une jupe orange, un chemisier blanc, des talons hauts et des faux seins pour les hommes).
Les sortilèges déclenchés par ses actes destructeurs vont permettre à l’enfant une prise de conscience et un possible détachement d’avec la mère. Ce détachement est joué littéralement lorsqu’après son geste réparateur, l’enfant est libéré par les animaux du jardin des liens qui le retenaient prisonnier. La note d’intention de Sandra Pocceschi explique ainsi que « son odyssée l’émancipera aussi du giron familial, de l’univers carcan de la mère permettant l’émergence d’une identité propre ». Ce parcours initiatique aboutit à une réconciliation emplie de gratitude : l’enfant tourne le tableau révélant une page d’écriture sur le mot « maman ».
Les (seulement) quarante-cinq minutes de l’œuvre, ayant invité le public à un voyage sensoriel riche et émouvant, les sortilèges de Colette et Ravel font encore mouche auprès de l’auditoire venu découvrir les talents de demain.
Classykeo, Damien Dutilleul
À la mise en scène, Sandra Pocceschi et Giacomo Strada plongent le public dans leur « imagimère » (pour reprendre leur note d’intention). Leur scénographie fait feu de tout bois et du peu de moyens dont ils disposent, stimulant l’imaginaire par quelques accessoires et un unique élément de décor : un mur dont se détachent le fauteuil, l’horloge et les autres sortilèges. Lorsque ce mur se retourne, il devient décor de jardin, plus inquiétant que bucolique.
Leur vision montre un chemin de rédemption pour un enfant, qui pourrait aussi bien être un adulte, pris de pulsions destructrices. La première image est en effet celle de l’Enfant, qui s’est percé les paumes des mains avec deux crayons. Il expose ses plaies béantes dans une attitude christique et détruit tout autour de lui, dans un élan de haine envers sa Maman. Et c’est celle-ci qui revient dans son rêve pour le ramener à la raison : chanteurs comme chanteuses reprennent (avec quelques différences pour chaque personnage) sa jupe orange, son haut blanc et ses talons. Lorsque l’Enfant quitte la maison pour rejoindre le jardin, l’image de la mère disparait et ce sont alors des personnages inquiétants ou mystérieux qui hantent l’Enfant, qui prend conscience, petit à petit, qu’il a lui-même créé l’enfer dans lequel il est alors plongé. Il inverse la vapeur et se met à souffler le bien, avec empathie, et crée les conditions de sa rédemption.